Analyse de situation de survie en montagne

Bon choix / Mauvais choix

S’il est un milieu exigeant et intransigeant menant rapidement à des situations de survie réelles, c’est bien la haute montagne et particulièrement les super-altitudes (au-dessus de 4500m). La lecture, l’analyse et la compréhension des erreurs (ou réussites) passées permet l’élaboration de stratégies de résilience, de diminution des risques ou de la gravité.

Nous vous proposons ici d’étudier un cas concret de situations extrêmes qui auraient pu être évitées si les bonnes décisions avaient été prises au moment adéquat.

Himalaya 1996 – Tragédie au sommet de l’Everest (8848m d’altitude)

Fin 1990 l’ascension du mythique sommet de l’Everest se popularise et attire de plus en plus d’alpinistes, pas forcément expérimentés, laissant place au développement des expéditions commerciales.

Mai 1996, cet engouement provoque de véritables embouteillages sur le sommet, dès la cascade de glace, première étape de l’ascension. La problématique de fond est qu’à cette altitude le temps est littéralement compté : chaque seconde est vitale. On appelle d’ailleurs cette zone (à partir de 7500m) la « zone de la mort ». En effet, le corps humain n’est pas fait pour survivre à cette altitude et chaque instant passé dans ce milieu est un moment de survie et un pas de plus vers la mort physiologique, en dehors même de tout risque d’accident. De plus, la cascade de glace doit être atteinte avant le lever du soleil et la descente de l’Everest doit être amorcée impérativement avant 13h00 à cause des conditions climatiques extrêmes en journée.

Rob Hall et Scott Fisher, deux pointures du milieu, hyperspécialisés sur l’ascension de l’Everest, décident pour la première fois historiquement de s’accorder avec les autres équipes sur place pour organiser et répartir les départs pour minimiser les risques et les temps d’attente (imaginez attendre par -40°C durant plusieurs heures avant de pouvoir passer une crevasse sur une échelle) avec une fenêtre d’ascension réduite à 3 jours compte tenu des conditions météo. Plusieurs équipes refusent de s’accorder et partent sans prendre en compte ce risque d’embouteillage sur les passages clés.

Rob et Scott partent ensemble avec leur groupe respectif à l’assaut du sommet. Scott réalise des allers-retours dans la même journée entre camp de base et camp 2 afin d’évacuer un de ses clients, victime d’œdème pulmonaire, premier mauvais choix, guidé par son ego et son envie de démontrer ses capacités physiques. En se fatigant et en poussant son corps dans ses retranchements, il perd des capacités à encadrer son groupe et diminue sa vigilance. Le lendemain, il doit déjà débuter un traitement du mal aigu des montagnes à base de Dexaméthasone injectable.

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Une solution plus prudente aurait été de faire évacuer son client par un sherpa, qui serait resté au camp de base, permettant à Scott de préserver son état et d’assurer un leadership efficient.

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Commander survival #31
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