Attaques au couteau, comment réagir ?
Prévention, Protection et Premiers soins

Au vu des évènements récents et de leur fâcheuse tendance à se répéter, il nous a semblé intéressant de faire le point sur la manière de prévenir, de se protéger ou de faire face aux attaques avec armes tranchantes. Nous questionnons Guillaume Morel ( Protegor ) et Joël Schuermans ( Celops / Solutions Trauma ), 2 spécialistes du sujet sur l’avant, le pendant et l’après de ce type d’agression à fort impact physique et psychologique.

ATTAQUES TERRORISTES AU COUTEAU EN 2020*

3 janvier, à Villejuif, un homme attaque à l’arme blanche des passants, en répétant « Allah Akbar », tuant un homme et blessant gravement 2 femmes.
5 janvier, à Metz un individu armé d’un couteau et criant « Allah Akbar », est interpellé après avoir tenté d’agresser des policiers.
4 avril, à Romans-sur-Isère, un réfugié soudanais, Abdallah Ahmed-Osman, crie « Allah Akbar », tue au couteau deux passants et en blesse cinq autres.
25 septembre, Paris, 2 personnes sont grièvement blessées à l’arme blanche (hachoir) près des anciens locaux du journal Charlie Hebdo. L’assaillant de nationalité pakistanaise assurait “assumer son acte qu’il situe dans le contexte de la republication des caricatures qu’il n’a pas supportée”.
16 octobre, à Conflans-Sainte-Honorine un enseignant est décapité devant un collège. Son agresseur présumé (de nationalité russe) est abattu par la police.
29 octobre, un Tunisien tue 3 personnes et en blesse plusieurs autres dans la Basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice avant d’être arrêté par la police.

*Ne tient pas compte des faits criminels quotidiens SOURCES : Articles de presse et Wikipédia

Prévention & protection

Protegor : Quand la lame est vue avant l’attaque c’est déjà un énorme plus… souvent les victimes n’ont pas eu le temps de voir la présence d’un couteau avant qu’il ne soit utilisé
Quand la lame est vue avant l’attaque c’est déjà un énorme plus… souvent les victimes n’ont pas eu le temps de voir la présence d’un couteau avant qu’il ne soit utilisé

Pour rappel, une arme blanche est une arme tranchante, perforante ou contondante dont la mise en œuvre n’est due qu’à la force humaine ou à un mécanisme auquel elle a été transmise. Les armes tranchantes sont donc une sous-catégorie des armes blanches. Les armes blanches, les couteaux et les machettes sont devenus l’arme de prédilection de nombreux attaquants dits “solitaires”, en partie en raison de la faible planification requise (que ce soit contre un individu ou un groupe de masse).

Les couteaux sont communs et faciles à dissimuler, ce qui réduit le risque de détection avant toute attaque planifiée, et aucune véritable formation n’est nécessaire si on a l’intention d’attaquer, de blesser et de tuer. Tirer avec une arme à feu et toucher des cibles mobiles à une distance raisonnable n’est pas aussi facile que beaucoup pourraient le croire. Saisir un couteau bien dissimulé et poignarder au hasard des personnes dans un espace confiné est malheureusement “simple”. De plus, ce type d’attaque a un impact psychologique particulièrement important leur donnant un double effet sur la société : des blessés ou des morts et de la peur collective.

Nous avons interrogé Guillaume Morel, l’auteur du best-seller Protegor, pour comprendre ce qu’il était possible de faire pour réduire en amont les risques de ces agressions.

Survival : Comment te prépares-tu aux attaques au couteau ?

Guillaume Morel : Il y a deux aspects de prévention et de protection aux attaques au couteau, avant qu’elles ne surviennent : le matériel et la vigilance. Ensuite, une fois que l’on est face à un agresseur décidé et armé, c’est beaucoup plus compliqué, car il n’y a pas pire arme que le couteau.

S. : Ah bon, même pas les armes à feu ?!

G.M.: À longue distance certes, mais pas en dessous de 7 mètres ! C’est la fameuse « règle des 7 mètres » (des « 21 pieds » exactement à l’origine) démontrée dans les années 1980 aux États-Unis et qui a été largement re-testée par de nombreux experts en self-défense depuis (jetez un œil sur YouTube ou sur protegor.net). Demandez à n’importe quel spécialiste de la protection de personnes, ce qu’ils craignent le plus sous nos latitudes, c’est le couteau, car difficile à voir et facilement létal.


Premiers soins après une blessure d’arme tranchante

Quand la prévention et la protection ont failli ou n’ont pas été possibles à cause de l’effet de surprise ou de la proximité de l’assaillant, la victime blessée devra rapidement se secourir elle-même ou être secourue. Les blessures consécutives à une attaque au couteau sont spécifiques et nous interrogeons à présent Joël Schuermans, auteur de Secourir en Zone Hostile, pour en discuter.

Survival : Quels sont les cas de figure lors d’une attaque avec un objet tranchant ?

Joël Schuermans : Contrairement à une idée reçue, une blessure au couteau ne signifie pas automatiquement estocades (stabbing dans la littérature anglo-saxonne), ces dernières ne comptent que pour 37%. Dans la plupart des cas, les 63% restants, les attaques à l’arme tranchante ont en fait abouti à des estafilades (slashing). Ceci est d’une grande importance en matière de types de blessures infligées aux victimes.

La mécanique du combat et les compétences des combattants influenceront la répartition et la gravité des blessures sur le corps. Les blessures par lacérations sont plus communes sur le cuir chevelu, le visage, le cou, les membres (particulièrement avant-bras et mains) et les fesses. Ces plaies sont souvent plus superficielles et moins létales. Les estocades provoquent des plaies plus profondes avec des atteintes aux organes et aux gros vaisseaux sanguins, il s’agit bien plus souvent d’urgences vitales où chaque minute comptera lors des premiers soins.

S. : Que risque-t-on comme blessures graves et potentiellement mortelles ?

Emporter un kit partout et tout le temps reste le meilleur moyen de disposer de matériel efficace le jour où tout bascule.

J.S. : D’après la pratique clinique et les statistiques disponibles, la majorité de tous les coups de couteau mortels concernent des estocades portés à la poitrine.

Le nombre moyen de blessures subies par les victimes d’agressions au couteau est de 2,4 par attaque. Une analyse des blessures causées par les attaques au couteau révèle que les blessures les plus dangereuses se situent dans la poitrine (48%)*, suivie de l’abdomen (27%) et du cou (10%). Les blessures mettant la vie en danger et pouvant justifier l’application d’un garrot (bras et jambes) ne représentent quant à elles que 10% des blessures. Une première conclusion ici, en cas de blessure au couteau, il y a statistiquement peu de chance que le premier savoir-faire ou équipement qui vous sera nécessaire soit un garrot !

La coupure d’une artère, voire d’une veine, peut conduire très probablement à une perte de sang rapide, à un choc ultérieur et, finalement, à la mort. La coupure d’un muscle ou d’un tendon spécifique peut entraîner une immobilité immédiate et laisser la victime dans une position totalement sans défense, incapable de se mouvoir. Par exemple, une puissante entaille dans le muscle pectoral anéantira votre capacité à donner des coups de poing de n’importe quelle puissance.

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* Ces chiffres arrondis sont le résultat d’une analyse par l’auteur de l’étude Wounding patterns and human performance in knife attacks:optimising the protection provided by knife-resistant bodyarmour d’A. Bleetman,. H. Watson. Horsfall. and M. Champion, 2003.

Retrouvez l’intégralité de ces interviews dans Survival #29

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