L’homme s’est sédentarisé lorsqu’il s’est aperçu qu’il était plus pratique d’élever le gibier que de courir après, surtout si la répartition des morceaux de choix était inéquitable lorsque l’estomac réclamait son dû. Cet homme, ce survivaliste, est devenu lui-même un gibier, un réservoir de ressources inépuisable pour peu que la classe dirigeante du moment sache manier avec discernement le fouet et la promotion sociale, les taxes et la protection du château. Pour quelques-uns, domestiquer l’homme est devenu plus lucratif que respecter la nature. Ces prédateurs forment une communauté soudée, lucide des faiblesses du producteur comme du consommateur, prompte à les enfumer d’encens ou d’impôts en tout genre.
Les évènements récents, les inondations, ont prouvé que cette affirmation de protection relevait du mensonge. Des équipements défaillants, une jauge bloquée par les détritus pont d’Austerlitz, et les promesses de protection tombent à l’eau, la hauteur de celle-ci n’étant plus vérifiable. Des réservoirs de rétention sous-dimensionnés et la basse-cour du château est aussitôt inondée pour préserver l’élite. Les manants de Seine-et-Marne savaient très bien qu’ils ne pouvaient pas tout avoir, le plaisir et le fondement préservé, ils ont fait leur demande de permis de construire, c’est maintenant de leur faute si elle leur a été accordée… Bel enfumage !

Trouver des fraises ou des haricots verts en décembre n’est pas la démonstration d’une maîtrise de la nature. Ces produits viennent du Kenya, et sont réservés à ceux qui peuvent se les payer. Pour le survivaliste, produire, stocker et protéger ses lendemains est une évidence, les moyens à mettre en œuvre l’étant moins.
Les ultras prévoyants auront une Base Autonome Durable (BAD) avec éolienne et panneaux solaires, poulailler et cheptel, potager, vergers et congélateurs. Des individualistes sans avenir, promis aux pillards, sauf s’il s’agit d’une communauté.
Les résilients devront apprendre, apprendre et encore apprendre. Et pour cela, il y a les autres, il y a Survival qui prétend mettre en commun, partager tous ces savoirs propres à notre géographie. S’appuyer sur une communauté, même réduite à deux ou trois voisins, est un germe qui permet d’approcher la maîtrise de la nature, sa domestication. C’est l’essence même de la survie.
Vaste projet…

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