La crise sanitaire COVID et les restrictions de mouvements et d’activités qu’elles ont imposées et imposeront probablement encore ont favorisé les contenus en ligne de toutes natures. Même si le présentiel garde toute sa légitimité, il faut avouer qu’une formation en ligne a aussi ses avantages : souplesse, coûts, absence de déplacements, rythme adapté, réécoute à volonté… Claude Brunet et son équipe ont développé la première formation de secourisme en milieu hostile en ligne. Il fallait y penser, mais surtout il fallait la faire. Pourquoi ?
Il y a dix ans, seule une poignée de formations de ce type existait en langue française, toutes étaient présentielles bien sûr. Généralement, c’était d’ex-militaires qui adaptaient leurs savoirs et expériences pour créer un contenu plus ou moins adapté aux forces de l’ordre et aux civils. Puis les évènements tragiques du Bataclan, notamment, ont mis en lumière un risque depuis toujours bien présent : l’émergence des situations violentes et peu prévisibles dans nos quotidiens. Ces formations ont alors essaimés pour proposer, comme dans de nombreux autres domaines, tout et n’importe quoi. À l’instar de la survie, du tir, des connaissances en plantes, etc., se former est indispensable, mais il importe de choisir des formations dispensées par des professionnels expérimentés tant en pédagogie que dans le sujet qu’ils enseignent.

Claude Brunet fait clairement partie des anciens, dans le sens « expérimenté », de cette thématique et déjà en 2008, il créait ce qui allait devenir Secourisme en Milieu Hostile. Toujours à la pointe, cet ex-infirmier de la Légion Étrangère, référent pour la branche médicale chez Terrang MP-Sec, est l’instigateur et le formateur de cette première formation en français et en ligne consacrée à ce sujet, nous l’avons rencontré.
Claude Brunet, bio succincte
Ex-infirmier major de la Légion étrangère et ISPV (infirmier sapeur-pompier volontaire)
20 ans de service
Diplômé de médecine préhospitalière
Combat medic sur de nombreux théâtres d’opérations (Bosnie, Kosovo, RCA, Tchad, Somalie, Afghanistan, Guyane, etc.).
Instructeur de secourisme, instructeur sauvetage au combat et en centre commando
Intervenant à l’ENSOSP (École Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers)
Fondateur de Secourisme en Milieu Hostile (SMH)
Retrouvez-le sur FB, IG et YT

SURVIVAL : Pourquoi vous a-t-il semblé évident qu’il fallait innover en créant une formation de Secourisme en Milieu Hostile en ligne ?
CLAUDE BRUNET : Nous avons des clients partout dans le monde, ceux-ci n’ont parfois ni la possibilité de trouver une formation idoine sur place ni les moyens de rentrer en France pour se former. Cette formation était très attendue aussi pour les expatriés et les voyageurs qui contrairement à la France ne peuvent pas être pris en charge rapidement par les moyens sanitaires locaux et doivent se débrouiller seuls.
En France aussi il y a une demande, mais différentes pour se perfectionner. Elle s’adresse à des gens qui ont des bases plus ou moins solides. Enfin autres interlocuteurs : les possesseurs d’armes qui veulent être en mesure de faire face à un accident de tir comme à la chasse ou au stand de tir et réagir rapidement en attendant les secours.

S. : À qui est destinée cette formation, faut-il déjà s’y connaître ?
C.B. : Cette formation s’adresse à tout type de personnes qui possèdent ou non du matériel médical et qui pratique une activité à risque. Elle permet au possesseur de matériels en dotation ou achetés sur leurs deniers de voir comment organiser son kit médic, et de voir item par item comment ils s’utilisent en faisant chez soi à l’identique… Le but : faire bien car fait souvent. Cela permet aussi à des néophytes de faire éventuellement un choix de matériels dans la panoplie présentée dans la vidéo pour constituer son kit médic en fonction de leurs activités.
S. : Est-ce que cela peut remplacer une formation présentielle ?
C.B. :Tout dépend le but final en fait ! Si c’est pour un refresh d’un ancien militaire formé dans l’Institution ou de personnels médicaux formés « hospitalier » et qui veulent se perfectionner cela suffit. Pour les autres il peut être nécessaire de se former tout d’abord aux gestes de secours civils comme le font certains qui ont vu la vidéo (PSC1 ou PSE).
Enfin pour les tireurs sportifs/chasseurs/agents de sécurité on a de bons résultats de prise en charge sur quelques accidents graves (attaques au couteau, tir accidentel).

S. : Quels sont les avantages d’une formation en ligne telle que la vôtre ?
C.B. : Nous proposons en quelque sorte une approche de « primo intervenants », pouvant utiliser leurs compétences et leurs matériels à leur disposition pour faire des gestes simples, mais salvateurs. C’est loin d’être de la grande médecine, mais juste de quoi stabiliser une ou plusieurs victimes, être le premier maillon de la chaîne de secours.
Cette formation pouvant servir aussi dans le temps pour se rappeler la mise en place de tel ou tel item médical (pansement compressif, dispositif hémostatique ou garrot par exemple). Dans mon cours, les stagiaires sont fortement incités à driller (pratiquer) au moins 1 fois par mois. Acheter son matériel, c’est bien, mais il faut savoir s’en servir et il faut se préparer avant !
S. : Est-ce que le contenu va évoluer, d’autres niveaux sont-ils envisagés ?
C.B. :Bien sûr c’est un premier jet destiné aux personnes ayant à se servir d’armes à feu en service ou en privé, mais il y a déjà d’autres modules dans le tube. J’ai été approché par des ministères avec qui je travaillais déjà en « présentiel » pour développer une version en ligne pour leurs opérateurs, je travaille aussi sur un module destiné aux randonneurs en montagne. Les personnes ayant souscrit à la formation auront accès à de nouvelles vidéos. Je travaille aussi sur des fiches mémo. Nous avons un groupe de discussion privé et je suis à l’écoute des demandes, besoins et idées de chacun.
S. : Est-ce que, selon vous , comme pour le tir grâce aux technologies d’Intelligence Artificielle, avec la réalité virtuelle notamment, nos manières de se former en secourisme vont radicalement évoluer et changer dans un avenir proche ?
C.B. : J’en suis sûr à 100 % , je viens d’être formé sur des mannequins de simulation dernier cri de cette façon. Mais attention, comme pour le tir, il faut une base « secourisme » présentielle au préalable.
S. : Quels sont vos projets ? Des nouveautés à venir ?
C.B. :Nous allons organiser avec les stagiaires qui le souhaitent des journées thématiques de mise en situation. J’ai déjà une demande par une administration en ce sens.
Essayer de faire un module brancardage avec la panoplie la plus large : du brancard de fortune avec des habits au Skedco en passant par les dispositifs types NEXT pour le sauvetage aquatique. Domaine dans lequel en tant qu’ancien infirmier sécurité plongée et hyperbariste, j’ai une bonne expérience.
Côté nouveautés équipements, on travaille toujours à la miniaturisation des items médicaux pour les rendre toujours plus discrets et faciles à transporter tous les jours sur soi et j’insiste sur le « sur soi » !

Retrouvez la suite de cet article dans Survival#33
- Comment traiter une plaie avec du miel ? - 18 octobre 2021
- Comment composer sa trousse de premiers soins ? - 5 octobre 2021
- Formation de Secourisme en Milieu Hostile
en ligne ! - 5 août 2021