Zones de vie : Préquel (4)

Au travers de ses précédents articles, l’auteur s’est ingénié à montrer différentes manières de mettre en place des zones de vie, pour personne seule ou en groupe, en situation de crise ou non.

Nous étions donc dans une logique « en réaction à »

Ici, l’article qui va venir clôturer cette mini-série revient aux origines, à l’instant même où le lecteur décide de devenir totalement autonome, de commencer sa préparation, d’être «  pro actif » en vue d’une évacuation.

Le lecteur doit distinguer les deux temps qui vont venir guider sa préparation :
Un temps court : rapidité et facilité d’exécution, c’est la préparation nomade ou mobile.
Un temps long : lenteur et difficulté d’exécution, c’est la préparation sédentarisée ou fixe.

Adaptez bien évidemment vos préparations à la logique temporelle et budgétaire qui est la vôtre.

Attention : l’auteur ne prétend pas détenir la vérité absolue ; il transmet simplement ce qui, pour lui, fonctionne et les concepts que lui-même pratique.

1. La préparation nomade

La préparation nomade est le premier type de préparation auquel vous allez devoir penser. A contrario de la préparation sédentarisée, la préparation nomade concernera la mise en place de matériel qui s’attachera non pas à un lieu mais à votre personne. Ce devra donc être du matériel que vous pouvez facilement transporter.

Plus simplement, vous allez devoir réfléchir à la création de différents types d’attitudes et de kits en fonction des situations.

a- La tenue et le fond de poche
b – Le sac de première urgence
c – Le sac de deuxième urgence
d – La pochette d’évacuation
e – Le fond de coffre

a – Votre tenue et votre fond de poche

Soyez irréprochable dans la vie de tous les jours (voir low profil survival n°27 ).

Votre tenue doit être discrète surtout lorsque vous vous déplacez, vous devez être mesuré dans le cadre de votre travail (attitude et propos) pour pouvoir peaufiner tranquillement vos différentes stratégies d’autonomie, d’exfiltration et de survie, sans pour autant alerter votre entourage .

En effet, s’il est très pratique et agréable de se balader en forêt ou en montagne en bas de treillis, rien de tel pour attirer l’attention en ville et être confronté aux regards suspicieux. Privilégiez donc un jean robuste et une solide paire de chaussure montante en cuir, qui seront tout aussi efficace. En hiver, ajoutez une parka noire dont les multiples poches augmenteront vos capacités de rangement et de transport.

Votre fond de poche, quant à lui, doit vous permettre de parer aux urgences. Il doit être optimisé au maximum : dans les poches avant, un couteau pliable (pas plus de 10 euros), un briquet et un paquet de mouchoirs en papier, vos clef de votre voiture, un sifflet, une mini-lampe de poche. Dans les poches arrière, un sac poubelle1, un stylo bic ou une petite cuillère (plusieurs fonction) sont un minimum.

b – Le sac de première urgence

Vous devez posséder sur vous les équipements qui vont vous permettre de réagir rapidement à une situation inhabituelle. A titre d’exemple : coupure d’électricité générale (mini-lampe), accident de la circulation (de quoi prodiguer les premiers soins), agression (sifflet, Guardian Angel) etc. A vous d’envisager les situations exceptionnelles que vous êtes à même de rencontrer en fonction de votre lieu de vie (géographique, climatique, dangerosité urbaine), de votre métier…, et d’y associer un matériel facilement transportable qui tiendra dans votre sacoche.

c – Le sac de deuxième urgence

Au même titre que le sac de première urgence, celui de deuxième urgence est personnalisable (sexe, géographie, saison, risques…).

Il sera toutefois plus complet que son compatriote et vous utiliserez ici un sac à dos et non une sacoche/banane. Privilégiez un sac à dos robuste de couleur classique, gris ou bleu, du type sac de lycéen (robuste et passe partout). Augmentez son étanchéité à l’aide de deux sacs poubelle placés sur les parois intérieures.

Équipez-le du nécessaire au passage en mode réactif (kit de matériel pour 24 à 48 heures) : à titre non exhaustif, matériel pour un bivouac tactique, de la nourriture, de quoi rester au sec et se soigner. Gardez en tête qu’il doit parer aux problématiques les plus urgentes.

Il est primordial d’y ajouter le plan de la ville / des transports urbains et les notes de repérages stratégiques que vous aurez effectuées en amont, cela facilitera votre mise à l’abri. Choisissez toujours au début de votre évacuation un endroit pourvu d’un ravitaillement en eau (exemple : cimetière, stade, gare routière et SNCF, parcs, parfois les zones artisanales et industrielles…).

d – La pochette d’évacuation2

C’est une petite sacoche passe partout utilisée régulièrement par les expatriés en cas d’incendie, d’émeute, de guerre civile. Si votre vie et celle de vos proches sont en danger et que vous êtes obligé de quitter votre domicile, votre lieu de travail en urgence. Elle permet d’assurer pour un temps votre sécurité (une arme de poing), votre approvisionnement en denrées alimentaires (paiement cash) , et même votre logement (chambre d’hôtel..).

Pour une famille de quatre personnes, prévoir l’équivalent de 2000 euros en petites coupures (billet de 5, 10, 20 euros), dispatché par paquets de 100 euros dans les poches, les chaussettes… afin d’éviter la convoitise et le racket. En fonction du continent, évaluez le type de devise qui vous sera nécessaire (en Afrique, dollars et euros ; en Amérique du nord, du sud ainsi qu’en Asie, dollars).

Etat civil et autres documents importants

Vous conserverez aussi dans cette pochette tout ce qui a trait à votre état civil. En effet, il est possible que vous deviez prouver votre identité auprès des autorités, ambassades, la Police locale etc. Pour ce faire, passeport, CI, permis de conduire, permis de travail seront pris en photo sur votre portable et conservés en photocopies plastifiées en cas de perte, vol, destruction des originaux.

Il est préférable, en France comme à l’étranger, que tous vos documents officiels soient scannés, stockés sur un disque dur, photocopiés dans un coffre à la banque ou chez de la famille. Cela comprend les actes notariés, feuille d’impôt, contrat de travail, fiches de paye, compte en banque, assurance vie, diplômes. Idem pour vos photos de familles si besoin est … Peu importe le mode de conservation choisi pourvu que vous puissiez y accéder et reprendre le cours de votre vie le plus rapidement possible.

e – Le fond de coffre

C’est une simple assurance vie. Lors de n’importe quel déplacement en véhicule, il est important d’avoir du petit matériel pour parer aux imprévus afin de pouvoir répondre rapidement à une urgence ponctuelle. Panne de voiture, blocage sur un axe routier par la neige ou le verglas en hiver, arbre tombé sur la chaussée. Mais aussi du matériel de premier secours en cas d’accident (2 garrots tourniquet, 2 pansements israéliens, 2 couvertures de survie et 2 cathéters de G143).

A l’instar des autres kits, n’hésitez pas à personnaliser votre fond de coffre. Voici une liste non exhaustive d’un fond de coffre permanent (auquel on ajoutera une paire de chaîne dès les premiers froid, une petite tronçonneuse4 si risque de tempête..)

  • Une paire de gant solide.
  • Une hachette, une scie et une pelle pliable.
  • Un petit extincteur
  • Une trousse de premier secours et d’urgence.
  • Un paquet de bougies et deux briquets.
  • Une couverture, de l’eau, du pain d’épice et du chocolat.
  • Un paquet de solide sac poubelle et de la para-corde.
  • Des câbles de démarrage.
  • Un parapluie et un solide bâton de marche

2. La préparation sédentarisée

Vous avez paré au plus pressant en mettant en place différents kits facilement transportables en cas d’urgence. Il est maintenant temps de pérenniser votre préparation en réfléchissant à des dispositifs, certes plus complexes, mais qui maximiseront votre survie.

A l’inverse de ce qui a été vu précédemment, les idées et le matériel décrits ci-après ne sont pas mobiles et ne seront donc pas amenés à vous suivre dans vos trajets quotidiens. Au contraire, ils seront stationnés à des endroits stratégiques, attachés à des lieux et non à des personnes. Vous entrez alors dans la phase d’optimisation de la préparation. Gardez en tête qu’une bonne préparation peut prendre des années (temps libre et budget que vous pouvez y consacrer par mois, trimestre, voire années). Rome ne s’est pas faite en jour.

Comme expliqué précédemment, ce qui va suivre est ce que l’auteur s’est appliqué lui-même à réaliser ; ce n’est pas LA réponse absolue mais sa propre interprétation de ce que doit être la préparation sédentarisée en vue d’une situation plus que probable de délitement de la société.

a – Une cache récupération secours
b – La décentralisation, avec la mise en place d’un SODES
c – Le kit d’opportunité

cache de récupération

a- La mise en place d’une cache récupération/secours

C’est celle que vous allez devoir stratégiquement placée ; la première pierre de votre édifice. Par principe, elle sera positionnée sur l’itinéraire travail / domicile (en hauteur, enterré…) Ainsi, en cas d’incident grave, tous les membres de votre famille connaissant ce site pourront rapidement se rendre sur le lieu en question et récupérer ce que vous y aurez placé. Son but et de vous permettre une remise en condition, de reprendre des forces et de récupérer le matériel de survie. Ce sera un contenant étanche de type «touc»5, il en existe de différents volumes.

Pour plus de réactivité et pour maximiser sa conservation, le matériel stocké à l’intérieur se trouvera dans des sacs étanches de type «zipper» eux même répartis dans plusieurs petits sacs à dos (vêtement, armements, alimentation etc).

  • 5 Litres d’eau minérale,1 quart US, un faitout, une cuillère.
  • 2 Paquets de barres énergétiques + 2 paquets de barres de protéines.
  • 1 Bâche et 10 m de para-corde.
  • 1 Paquet de sachets de soupe + thé + café + sucre + petit réchaud + briquet.
  • 2 Tablettes de chocolat (pour le moral).
  • 2 Paquets de fruits secs et 2 paquets de pâtes de fruits (énergie).
  • 1 paquet de pâte ou du riz et de la protéine (bœuf sécher, thon, maquereaux)
  • 10 Sacs poubelles solides (pour les franchissements).
  • 1 machette, une pelle US, un couteau de chasse et un de poche.

Pour vous permettre de retrouver plus facilement votre cache de jour comme de nuit, la mise en place d’un marquage est possible ; voire le camouflage avec la mise en place d’un poste d’agrainage pour petit gibier par dessus, ça attire peu l’attention est c’est très sécurisant.

b – La décentralisation, avec la mise en place d’un SODES

Vous avez récupéré le matériel de votre cache, vous l’avez utilisé pour récupérer assez de force pour la suite de votre évacuation : il est temps pour vous de rejoindre votre SODES. Pour créer le concept de SODES (Sanctuaire Organisé de Défense et de Survie), l’auteur s’est inspiré de ce qui a été pratiqué en temps d’occupation par le Résistance Française. C’est une zone refuge dans laquelle vous aurez décentralisé une partie de vos ressources.

Il doit être positionné à un endroit discret, de préférence sur une hauteur (plus facile à défendre), à proximité de certaines commodités, du type point d’eau et présence de gibier. Dans cette zone, vous aurez préalablement caché ou enterré des contenants étanches (conteneurs ou toucs) dans lesquels du matériel sera stocké : ne laissez rien à portée de vue d’éventuels pilleurs.

Les sacs d’urgence, les kits… tout est utile en survie. Mais comprenez bien qu’en cas de perte de la normalité sur une très longue durée (mois, années…), ils ne seront pas suffisants. Ce sont des dispositifs transitoires. Pour pouvoir affronter une très longue situation de crise, il vous faut un sanctuaire dans lequel vous et votre famille puissiez trouver de quoi subvenir à vos besoins (abri, outils, eau et filtre à gravité, nourriture, matériel de premier soins, arme pour assurer votre protection, allume feu etc).

Le sanctuaire

Voici différents exemples de sanctuaire organisé de défense et de survie pour illustrer l’idée.

Pour certains, votre sanctuaire organisé de défense et de survie peut-être aussi votre maison de campagne. Mais dans l’absolu, pour beaucoup d’entre nous (l’auteur en premier lieu) ce sera plutôt une zone boisée6 assez proche de votre domicile (entre 20 à 40 km) : pensez à votre famille qui aura du mal à marcher plus de 10 km par jour avec un sac à dos.

Si la parcelle est vôtre ou que vous la louez, pas de problème : vous pouvez mener les activités nécessaires à l’édification de votre SODES. Toutefois, le plus simple et le moins onéreux est souvent de sympathiser avec le propriétaire ou l’agriculteur propriétaire de la parcelle et de lui proposer, en échange de menus services, de faire vos expériences et vos bivouacs sur son terrain (souvent le coin boisé non exploité à des fins agricoles). Avec son accord, vous pourrez même mettre en place différentes unités de stockage tout au long de votre préparation.

Une fois la zone trouvée et apprivoisée, vient le temps du stockage. Dans l’ordre des préparatifs :

  • matériel non périssable (outils, bâche, filtre à eau, cordage, clou, fil de fer etc),
  • stockage des produits d’hygiènes (savon, dentifrice, produit vaisselle, papier toilettes, tampon et serviette pour votre épouse et vos filles)
  • produits périssables (pâtes, riz, lentilles, pois chiches, café, chocolat, sucre, huile etc), croquettes pour votre animal.
  • Du matériels de chasse, de pêche (filet et nasses), du matériel pour le piégeage.

Sachez qu’en fonction du temps passé entre la réalisation de votre SODES et son utilisation effective, une rotation concernant les produits périssables sera sûrement nécessaire. En ce sens, prévoyez un carnet dans lequel vous noterez les dates de péremption des produits et une fois par an, récupérez votre stock de périssable et effectuez un échange avec le nouveau (pas d’investissement à perte en survie). Profitez de votre venue sur site pour parfaire le camouflage, stocker du bois mort, remettre en état votre petit barrage sur le cour d’eau etc…

Gros plan sur l’outillage de votre sanctuaire

Une paire de gants

L’aménagement d’un bivouac ou d’un abri requiert l’utilisation de certains outils tranchants ou coupants (hache, machette, scie pliable, pelle, pioche, couteau). La règle est donc : tout ce que j’achète, je le teste. Il est hors de question de découvrir l’usage ou d’éprouver la qualité de l’équipement en situation de crise. Usage avant de les mettre en unités de stockage (tranchants de votre hache, fixation de votre scie, solidité de vos cordages etc)

En premier lieu, le port de gants est un impératif, afin de protéger vos mains des coupures et des ampoules.

La nouvelle pelle pliable (noire) à l’avantage d’être légère et de prendre peu de place. Par contre si en position pelle, elle fait plus ou moins son job, en position pioche, le mécanisme de serrage est assez mou, c’est une vrai galère. Son ancêtre (verte), bien que plus lourde et plus encombrante, fait le boulot avec plus d’efficacité.

La machette est l’outil le plus polyvalent et le plus dangereux de votre paquetage, il est donc sécurisant de l’équiper d’une dragonne, afin d’éviter qu’elle ne vous échappe lors d’une séance de coupe ou de débroussaillage.

Lors d’une action de coupe avec votre hache ou votre machette, rappelez-vous que votre jambe faible doit toujours être en arrière pour éviter de vous la trancher involontairement. Par principe, lors de tout travail avec des outils tranchants, il est important d’avoir à portée de main un garrot tourniquet et un pansement israélien pour pouvoir vous prodiguer les premiers soins rapidement, surtout si vous travaillez seul dans les bois.

Contrairement à une idée répandue et pour éviter la perte de vos outils lors de travaux en forêt, privilégiez des couleurs vives qui sortent de la végétation, pensez à bien regrouper vos outils en fin de chantier et plantez toujours les outils tranchants sur une bûche en fin d’utilisation.

c – Le kit d’opportunité

Pour X ou Y raison, vous avez dû réaliser un abri de fortune dans une zone montagneuse, boisée, ou isolée. C’est un endroit que vous connaissez déjà et vers lequel vous êtres susceptible de vous rendre à nouveau.

En fonction des matériaux utilisés pour son édification, l’abri va rester des semaines, des mois voire des années en place. N’hésitez pas, avant de quitter ce bivouac, à enterrer à droite de l’abri (côté universel) un petit kit dans un sac étanche (un briquet, deux bougies chauffe plat, un paquet de mouchoir jetable et un sac type ziploc pour faire une gourde de fortune). Le tout sera signalé par un morceau de bois en V. Ce kit vous resservira ou pourra même aider une autre personne.

Conclusion

A travers ces quatre articles zones de vie , vous aurez compris l’importance d’anticiper un maximum de problématique, même si elles ne sont pas toutes contrôlables.

Votre meilleur atout c’est vous : on surveille son hygiène de vie, on se prépare physiquement et mentalement à résister à des situations difficiles et parfois dangereuses.

Profitez des temps calmes pour parfaire vos connaissances, en acquérir de nouvelles.

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Pour les chefs de famille, essayez au maximum de faire appliquer ces consignes par les autres membres de votre tribu.


1 Le sac poubelle est votre meilleur ami. C’est un outil multifonction qui prend peu de place et peut, à l’occasion, se transformer en sac étanche, en bouée de fortune, en imperméable, en sac de transport …
2 Soyez attentif à la réglementation sur le port et l’usage d’une arme à feu en fonction du lieu où vous êtes.
3 Même si vous ne vous sentez pas capable de prodiguer certains soins, ce jour-là, un personnel de santé aguerri pourrait être présent et utiliser votre matériel.
4 En hiver, les services de la voirie sont extrêmement sollicités, il est parfois plus rapide d’intervenir soi-même. Pour votre sécurité, laissez le moteur tournant, phare et feux de détresse allumés pendant que vous dégagez la route.
5 Ce sont de récipients étanches très utilisés en Guyane, car ils sont solides, peu onéreux et polyvalents : il faut en mettre en place un par personne.
6 Il sera beaucoup plus facile d’acquérir dix hectares de zone boisé, dans une zone isolée.

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