Un premier roman troublant qui mêle grands espaces, tension psychologique et une pointe de fantastique

Alaska. Tracy, 17 ans, est une jeune fille intrépide et passe son temps au cœur de la forêt seule ou sur son traîneau avec ses chiens. Pour elle, être dehors est une question de survie. Un jour, alors qu’elle vient de piéger un animal, un homme lui tombe dessus et l’assomme. Lorsqu’elle reprend connaissance, elle est couverte de sang ainsi que son couteau. Persuadée d’avoir tué son agresseur, Tracy porte ce lourd secret en elle qui installera dans son esprit une angoisse persistante.
Jamey Bradbury nous plonge dans l’intimité d’une jeune fille pas comme les autres, plus forte, plus sauvage, qui a un don pour se fondre dans la nature et comprendre les animaux. Répondre à l’appel des grands espaces, ne faire qu’un avec la forêt, être libre et, surtout, avoir en soi toutes les connaissances indispensables pour y survivre. Savoir piéger, se protéger du froid en construisant des abris et en faisant du feu, reconnaître les plantes pour soulager sa faim quand aucun animal ne se présente ou pour se soigner, se repérer instinctivement. Un roman d’initiation qui explore la nature profonde d’un être singulier, la sauvagerie qui habite, à divers degrés, chacun de nous !

leurs avis sur Sauvage de Jamey Bradbury
Joël
« J’ai assez vite appris que deux jours sans forêt suffisaient à me mettre de mauvais poil. »
« On ne peut pas fuir la sauvagerie qu’on a en soi. »
Les citations que j’ai sorties du livre sont explicites non ? Avec ces mots, le ton du roman est donné et ne peut que parler aux lecteurs de ce magazine.
Mais que signifie être sauvage ? À une époque où on parle de plus en plus de la nécessité de se réensauvager, de sortir de sa zone de confort, de s’endurcir, le 1er roman de Jamey Bradbury nous projette en plein cœur de ces sujets.
Dès les premières pages, on est viscéralement avec Tracy dans les paysages grandioses de l’Alaska et dans sa vie sauvage. Oui cette jeune fille de 17 ans n’est pas banale : habile aux poings, à la traque, elle maîtrise l’art du piégeage au milieu d’une nature vaste qu’elle aime traverser avec son traîneau et ses chiens, une passion transmise par son père. La vie en forêt, Tracy la pratique comme une religion : avec dévotion et absolu. Mais tout un pan de son existence est mystérieux : la mort de sa mère, une agression dans la forêt, un agresseur en liberté, un jeune homme étrange qui s’installe chez elle et son père, et puis il y a le sang tiède et révélateur… La tension s’installe, monte, se tord jusqu’à la paranoïa, jusqu’à cette fin imprévisible et pourtant si cohérente.
J’ai vraiment aimé cette pépite dénichée par les Éditions Gallmeister. Un roman original, intense et addictif qui m’a entraîné dans le froid, dans la course, dans la lutte, à l’affût, dans la nuit noire où j’ai senti le souffle des chiens, l’odeur de la martre, le froid piquant. Foncez, c’est une bonne histoire avec tout ce qu’on aime !
Laurence
Sauvage est un roman très troublant et surprenant. Il est fait de mystères, de suspense, de curiosité et le style qui paraissait au départ enfantin contribue à maintenir le lecteur dans les méandres des pensées de Tracy, cette héroïne hors du commun. L’intrigue est déconcertante à bien des égards et rien n’est tel qu’on s’y attendait ou que l’on voudrait que ce soit.
Lire ce roman, c’est respirer avec Tracy, évoluer avec elle, piéger les animaux, observer, sentir, exploser, courir. C’est vivre les grands espaces et ressentir ce besoin du dehors, l’appel du sauvage. Jamey Bradbury livre un roman sur les secrets enfouis, la sauvagerie, la liberté d’être. Un roman où l’humain cherche à ne former plus qu’un avec la nature.
Si vous avez aimé l’héroïne dans My Absolute Darling de Gabriel Tallent (également publié aux Éditions Gallmeister), vous en rencontrerez une presque de la même trempe dans Sauvage de Jamey Bradbury.
« Je passais autant de temps que je pouvais dans la forêt. À me voir, vous vous seriez peut-être dit, mais t’as que dix-sept ans, t’es une fille, t’as rien à faire toute seule dehors dans la nature sauvage où un ours pourrait te déchiqueter, un élan te piétiner. Mais la réalité, c’est que si on m’emmenait moi et n’importe qui d’autre dans la nature sauvage et qu’on nous y abandonnait, vous verriez bien lequel de nous deux en reviendrait une semaine plus tard, saine et sauve, et même en pleine forme. »
« J’ai appris à lire la forêt avant d’apprendre à lire les livres. »
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