Secourir en zones hostiles, en contextes dégradés ou en milieu sauvage

1 : Pourquoi et avec quoi ?

Avec cette nouvelle série d’articles, nous allons aborder la question de la santé quand on est amené à évoluer dans les zones hostiles et contextes dégradés, mais également en milieu sauvage, éloignés de toute aide médicale.

Trousse de premiers soins à la ceinture pour ce marcheur dans le Sahara
Trousse de premiers soins à la ceinture pour ce marcheur dans le Sahara

La thématique de la santé est un vaste domaine qu’il serait prétentieux, si pas impossible, de vouloir couvrir de manière exhaustive. Ces articles proposeront donc des solutions pour faire face à certaines urgences vitales, c’est-à-dire les urgences médicales qui, non prises en charge efficacement dans les secondes, voire les minutes tout au plus, entraîneront la mort de la victime. D’autres articles aborderont également certains problèmes médicaux parmi les plus fréquents dans ces contextes spécifiques.

Se préparer, encore et toujours ce même principe

Des théories de probabilité estiment que la chance n’intervient que pour 5 % dans toute entreprise humaine, il est donc préférable de ne pas tout miser sur elle.

On s’en rend compte tous les jours, le monde devient toujours plus complexe et les situations plus exigeantes. Le principe de vie In omnia paratus (Paré à toute éventualité) afin d’assurer sa propre survie, celle des siens, de son équipe professionnelle ou même d’inconnus, le jour où rien ne se déroule normalement, est plus que jamais à instaurer dans nos quotidiens. La probabilité que le contexte se dégrade subitement et que l’espace de quelques minutes, quelques heures ou même quelques jours parfois dans les cas extrêmes, il faille se débrouiller seul avant que les autorités publiques ne puissent intervenir, existe et a même plutôt tendance à être statistiquement en augmentation ces dernières années.
La préparation individuelle « technique, physique, intellectuelle et mentale » constitue le premier pas pour augmenter sa capacité de résilience et faire face à l’improbable.

« Si vous voulez n’être jamais effrayé, attendez-vous toujours à tout ce qu’il y aura de plus dur et de plus pénible. »

Sun Tzu

Que ce soit pour une activité en plein air à 2 pas de chez soi, une aventure hors des sentiers battus à l’autre bout de la planète ou malheureusement même juste pour se rendre à un évènement public, il s’agit donc d’être prêt et vigilant.

En ce qui concerne l’aspect spécifique de la question médicale, 2 volets principaux constituent la préparation de l’individu : l’information (connaissances théoriques, formations et entraînements) et l’équipement (manufacturé par des sociétés ou improvisé). Généralement, pour la plupart des personnes, à l’instar des systèmes d’alarme que l’on installe dans sa maison suite à un cambriolage, la question d’emporter partout et toujours un minimum d’équipement médical (kit de premiers soins) ne revêt réellement d’intérêt qu’après coup !

Pourtant le sujet mérite, plus que jamais, d’être réfléchi et les situations, comme toujours, anticipées pour avoir les meilleures chances d’être réglées efficacement.

Nous, Occidentaux, sommes habitués à des conditions d’hygiène quasi drastiques, à des secours qui déboulent rapidement lorsqu’on leur téléphone, à des soins médicaux organisés et efficaces, mais cette réalité n’est ni universelle ni systématique.

Gardons à l’esprit cette donnée en guise d’exemple : considérons que le délai moyen d’intervention du SAMU auprès d’un blessé dans les Pyrénées est multiplié par 3,8 par rapport à la durée moyenne en milieu urbain. Donc, s’il faut compter 8 à 10 minutes d’attente pour une prise en charge du blessé (moyenne nationale des villes françaises), ce délai peut atteindre 30 et 40 minutes en zone rurale montagneuse. Imaginons alors quand la normalité s’effondre, que rien ne se passe comme prévu (attentat, catastrophe industrielle ou naturelle…), ces délais peuvent alors être sensiblement multipliés. Imaginons ne plus être dans les Pyrénées, mais dans le Sahara, au fond de la Forêt-Noire, à l’intérieur d’un hôtel où rôde un amok (tireur fou) ou des terroristes armés de fusils d’assaut et que tout le périmètre est bloqué, même pour les secours médicaux, jusqu’à ce que les tireurs soient neutralisés et que cette situation dure 50 minutes, 2 heures, voire plus ?!

On l’aura compris, sur le plan médical, comme pour l’aspect sécuritaire, il s’agit d’oublier le biais optimiste pour emprunter le biais réaliste : se préparer et s’équiper puisque ça, et c’est une certitude, peut arriver ; on ne sait juste ni où ni quand.

Pourquoi est-ce plus que jamais important de se préparer, de s’informer, de s’équiper ?

L’évolution des sociétés – l’actualité, les tendances et analyses de spécialistes – suggère qu’il est impératif, en tant que citoyen averti et/ou professionnel actif dans les lieux publics, de se préparer à devoir un jour porter secours dans un contexte moins permissif que lors d’un accident du quotidien. En effet, on ne porte pas secours de la même manière pendant ou après une fusillade que lors d’une brûlure dans une cuisine, à la maison. La nature des plaies, le contexte sécuritaire, le niveau de stress et les possibilités d’intervention de l’aide médicale professionnelle seront certainement très diffèrent. Il est évident que comme dans toute situation exceptionnelle un certain chaos régnera lors de ces évènements, et que votre survie et celle d’autres victimes, durant les premiers instants qui suivront, dépendront largement de la gestion relative de ce chaos.

Comment y parvenir ? Grâce à l’acquisition préalable par certains de savoirs (tel que le contenu de cet article, entre autres), de savoir-faire (les formations indispensables et complémentaires à ce texte), le tout couplé à un mental vigilant et un individu connecté à son environnement. Si vous lisez ces lignes, vous êtes certainement un de ceux-là !
Avec des gestes simples, quelques connaissances et idéalement un peu d’équipement, le témoin d’un accident – voire la victime elle-même – d’une attaque, d’une explosion, augmente fortement les chances de se sauver la vie ou celle de son conjoint, de ses enfants, d’amis ou d’inconnus en faisant le pont entre l’instant X – l’accident, la blessure – et la relève par des professionnels de la santé.

Le contexte isolé ou milieu sauvage est encore d’une autre nature. Il impose au premier répondant de pouvoir non seulement apporter les premiers soins à la victime, mais aussi à en assurer les soins prolongés, la survie et les besoins élémentaires pendant des délais d’évacuation (fortement) allongés et souvent dans un environnement où les déplacements sont compliqués (montagne, désert, forêt, océan…).

Des citoyens s’entraînent à se poser (Self-Aid) eux-mêmes un garrot à la cuisse.

Du point de vue médical, c’est quoi un contexte dégradé ?

Un contexte dégradé est une situation anormale durant laquelle votre sécurité physique est menacée, les ressources manquent, les délais d’intervention des secours professionnels sont allongés et la nature des blessures ou le nombre de blessés diffère des cas classiques.
Les premiers soins dans les contextes dégradés ne sont pas une nouvelle manière d’apporter des premiers soins à une ou plusieurs victimes, c’est plutôt un complément d’information, des considérations spécifiques, des outils appropriés et une chronologie d’actions adaptée. L’idée reste cependant toujours la même : sauver des vies en évitant d’autres victimes, dont soi-même.

Les premiers soins en contextes dégradés peuvent varier en de nombreux points, notamment et diversement : menace toujours existante ou latente, mauvaise visibilité ou pas de visibilité du tout, nombreuses victimes, peu d’équipements, sévérité des blessures, délais d’intervention des professionnels de la santé…

Lors d’accident de grande ampleur (carambolage, explosion, terrorisme…), de catastrophe naturelle (tremblement de terre, glissement de terrain, inondation…), nous sommes alors face à ce que l’on nomme une Situation à Multiples Victimes (abrégé en SMV). Ces contextes d’effondrement de la normalité vont alors bousculer nos repères.

Et un contexte isolé ?

La santé en voyage lointain, en expédition, dans le fond du bush est aussi essentielle que lors de n’importe quelle autre phase de notre existence, mais les maladies ou les blessures loin de toute aide médicale peuvent devenir rapidement plus délicates à gérer. En effet, que ce soit une crise de paludisme aggravée par une déshydratation à 4 jours de marche du premier village en régions tropicales ou une fracture du fémur accompagnée d’une hypothermie sévère lors d’un trekking en Sibérie profonde, il est évident que gérer la victime va être à la fois indispensable, mais aussi exigeant autant en termes de connaissances médicales, d’intendance des besoins fondamentaux, de gestion des ressources, de techniques de survie, etc.

J. Edgar Hoover disait « L’information c’est le pouvoir » et effectivement, être informé sur le sujet, voire encore mieux, être formé (aux premiers soins loin de toute aide médicale), c’est pouvoir anticiper les problèmes, se préparer à les résoudre, ainsi que comprendre les enjeux pour pouvoir prendre des décisions basées sur les connaissances et non pas les croyances le jour où cela s’impose dans une nature sauvage ou dans un environnement austère.

« Se fier à du matériel éprouvé et validé par des organismes crédibles »

Quel kit emporter ?

Restons pragmatiques !
Emporter une quantité démesurée de matériels et de médicaments afin de pouvoir faire face à tous les problèmes médicaux possibles est irréaliste. Emporter du matériel dont on ne possède pas les compétences pour les mettre en œuvre est inutile. Il n’y a aucun intérêt, par exemple, à emporter un tensiomètre, même automatique, si un bilan de la pression artérielle de 120/80 ne vous dit absolument rien.

De plus, que ce soit lors de nos déplacements quotidiens, en voyage, en expédition, en vie nature, chaque centimètre, chaque objet, chaque gramme emporté compte, il s’agit donc d’être raisonnable, averti et réaliste.
Posséder les connaissances, voire mieux : l’entraînement, pour réagir en cas d’événement hostile est un indispensable, ce point a déjà été soulevé. Mais, posséder, à portée de main, un minimum d’équipement le jour où c’est nécessaire est un net plus et permettra certainement aussi de faire la différence. En guise d’exemple, un garrot développé et manufacturé par une entreprise médicale gagnera toujours en efficacité et temps de placement sur un garrot improvisé. Un garrot mal placé augmentera le saignement au lieu de le stopper. Et il en va de même avec d’autres outils médicaux.

L’idée est donc d’emporter un kit de premiers soins suffisant sans être excessif, mais aussi pensé, éprouvé et validé par des retours d’expérience terrain significatifs. Il faut garder à l’esprit que le jour où il faudra utiliser ce kit, ce sera dans une situation cruciale où chaque minute, chaque équipement, chaque geste compteront.

  • IFAK et ITK sont des acronymes anglais largement répandus dans le milieu des premiers soins et kits appropriés. Ils désignent chacun un kit de premiers soins (trousse de premiers secours).
    • IFAK = Individual First Aid Kit
      (kit individuel de premiers soins)
    • ITK = Individual Trauma Kit
      (kit individuel pour trauma)

Il existe de nombreux modèles de kit dont certains sont très compacts, car conditionnés sous vide. Ces modèles ont les avantages de la compacité et de la protection des intempéries ou salissures, mais présentent l’inconvénient de ne pas être manipulables (entraînement, contrôle des composants…) sans en déchirer l’emballage. Ils peuvent être facilement emportés partout (quotidien, au boulot, au stand de tir, en voyage…), tout le temps et trouver place même dans des sacs de petite capacité (pochettes à la ceinture, poche cargo d’un pantalon…) ou du quotidien (sacs féminins, boîte à gants d’un véhicule…).

Du fait de l’actualité et de l’avènement d’Internet, les fabricants de kits et équipements médicaux ont pullulé ces dernières années et les modèles sont aussi variés que sophistiqués. L’offre est telle qu’il est difficile de ne pas trouver aujourd’hui un kit qui correspond aux compétences et souhaits de l’acheteur. Il est indispensable d’opter pour un modèle de qualité où le contenu n’est pas constitué de contrefaçons bon marché de matériel médical (de nombreuses copies d’une célèbre marque américaine de garrot venant de Chine ont surgi ces derniers temps. Certains retours d’expérience ont fait état de rupture lors de leur application, ne permettant pas de contrôler le saignement et ayant entraîné, dans certains cas, le décès de la victime). Un bon kit de base permettant de traiter 1 à 2 personnes en contexte hostile coûte, au moment de la rédaction de ces lignes, entre 60 et 120 euros.

Même s’il s’agit d’un investissement conséquent, notez que le matériel qui le compose est peu concerné par la péremption, mais surtout qu’il peut sauver une ou des vies, dont la vôtre ou celles de vos proches. Un bon investissement donc.

Un IFAK (Individual First Aid Kit) qui tient la route devrait mettre à la disposition du secouriste l’essentiel pour stopper une hémorragie massive, parer des saignements importants, dégager les VAS (Voies Aériennes Supérieures), prévenir l’hypothermie et se protéger des fluides corporels (sang, transpiration, urine, etc.) durant l’intervention. Il est intéressant d’y intégrer un aide-mémoire rédigé par vos soins en fonction de vos connaissances. Si le kit n’en contient pas, y ajouter également une fiche « blessé ». Cette carte assure, lors de la remise du blessé aux secours professionnels, de n’omettre aucun détail des bilans et actions effectués faisant ainsi du secouriste un maillon proactif de la chaîne de survie.

L’offre de matériel médical tel que les garrots, bandages, pansements divers, compresses avec ou sans imprégnation d’agent hémostatique, etc. est pléthore et en perpétuelle évolution. Internet donne la possibilité de commander la plupart des équipements imaginables. Il en existe de toutes sortes, toutes marques, tous budgets, toutes qualités. Devant cette abondance, il est important de se fier à du matériel éprouvé et validé par des organismes crédibles ou par des professionnels reconnus.
Voici quelques équipements qui correspondent largement à ces critères et qui devraient constituer la base de tout kit de premiers soins sérieux.

  • Contenu minimum conseillé pour un IFAK de base :
    • 1 masque de protection RCP
    • (Laerdal™, Ambu™)
    • 1 couverture isotherme
    • 1 gaze compressée
    • (HH™, Kerlix™)
    • 1 bâton lumineux
    • Cyalume© 10cm/4h
    • 1,5 m de ruban adhésif large (4-5cm)/Duct Tape
    • 1 Sifflet de survie 110 db
    • 2 compresses 7,5 X7, 5 cm
    • 2 paires de gants en nitrile
    • 1 garrot/compressif
    • SWAT-T™
    • 1 fiche « blessé »
    • 1 aide-mémoire
Contenu détaillé d’un IFAK de base

Retrouvez un IFAK composer par Joël sur le site Overlord pour la France et sur le site Celops pour la Belgique.

Quoi et pour quelle utilisation ?

Il semble intéressant avant d’entrer dans les techniques de Premiers Soins de décrire les équipements afin de comprendre de quoi on parle et quel équipement est destiné à quel problème. Ce savoir permet de comprendre l’utilité du matériel contenu dans les kits, d’avoir un langage commun, d’être capable de faire des recherches en vue de commandes éventuelles de matériel et enfin connaître l’équipement disponible permet également d’en improviser des systèmes inspirés le jour où c’est nécessaire. Voyons ensemble les éléments principaux de ce kit de base un peu plus en détail.

« On peut aussi bien contrôler un saignement avec une gaze non imbibée d’agent hémostatique, mais ça prend 2 à 3 fois plus de temps »

Les garrots

L’utilisation des garrots en premiers soins est peut-être la plus récurrente des polémiques et continue de susciter de nombreux débats dans la communauté médicale, même si les choses vont en s’améliorant depuis l’émergence des formations et doctrines médicales importées des USA. Cependant, même s’il commence à être largement accepté que leur utilisation a sauvé de nombreuses vies dans les zones de guerre, leur utilisation en contexte civil perpétue le débat.

Utilisés par des personnes formées et dans les conditions recommandées, les garrots modernes ont démontré leur efficacité et capacité à sauver des vies.

Il est donc évident à présent qu’un garrot effectif est un moyen efficace de contrôler un saignement catastrophique, entendons par là un saignement qui non contrôlé rapidement (dans les 2 à 10 minutes) aurait pour conséquence la mort du blessé suite à la perte de sang.

Les garrots sont communément utilisés par la plupart des forces armées à travers le monde et également, dans une proportion moindre, mais toujours grandissante, par les unités professionnelles de soins médicaux d’urgence.
Le comité américain du TCCC (Tactical Combat Casualty Care), émetteur de la doctrine médicale la plus largement répandue sur les théâtres d’opérations, recommande 3 modèles de garrots utilisables en auto-application avec une seule main (en cas de blessure au bras sur soi-même) et a fortiori donc applicable à 2 mains sur soi ou sur une victime : le CAT™, le SOFTT-W™ et le EMT™ (modèle à fonctionnement pneumatique).
Les 2 premiers cités sont les plus utilisés.

Le CAT™ — Combat Application Tourniquet (Gen 7) est fabriqué par la société américaine North American Rescue qui développe d’excellents produits fiables et validés par l’expérience terrain.
Il est largement utilisé à travers le monde. La quasi-totalité des armées de l’OTAN l’utilise. C’est un vrai garrot « à une main » (One-handed/Self-Aid) dont l’efficacité a été attestée par l’Institut US de Recherche Chirurgicale. Les tests ont prouvé que le CAT™ pouvait stopper complètement le saignement d’une extrémité dans le cas d’une blessure traumatique avec une hémorragie significative. Il est disponible en 3 couleurs. Le bleu est destiné à l’entraînement, le noir aux contextes tactiques, tandis que la couleur orange est destinée aux services civils d’urgences médicales.

Le SOFTT-W™ Special Operations Forces Tactical TourniquetWide (Gen3) est fabriqué par la firme américaine TacMed Solutions.
Le SOFTT-W™ est un des autres modèles recommandés par les guidelines du CoTCCC et cette version est la préférée de nombreux Combat Medics US. Cette 3e génération du SOFTT-W™ est le résultat de 24 mois d’études visant à compiler des retours d’expériences d’utilisateurs, mais aussi de recherches en laboratoire pour développer un garrot plus efficace et plus aisé à utiliser, et ce pour tout environnement. Ce garrot est plus facile à utiliser lorsqu’il doit être placé sous stress et réduit le temps d’application, ce qui diminuera le volume de la perte de sang. Il a été conçu sans velcro pour minimiser la signature acoustique dans un environnement tactique. Il est également disponible en 3 couleurs aux mêmes correspondances (noir, bleu et orange).

Le SWAT-T ™ Stretch, Wrap And Tuck Tourniquet fabriqué par TEMS Solutions et repris depuis peu par H & H solutions. Versatile et polyvalent, c’est un large élastique fabriqué SANS latex. Il se place autour d’un membre et se tend de lui-même, comprendre sans aucun mécanisme ou barre, assurant ensuite des heures de pression efficace. Sa facilité de mise en œuvre, sa versatilité et son intuitivité sont ses plus grands atouts. Les opérateurs peuvent l’appliquer ou se l’appliquer efficacement en quelques secondes avec peu ou pas de formation préalable. Il peut également être utilisé comme un pansement occlusif, un pansement compressif et comme un bandage élastique multi usage. Enfin, ce garrot peut être utilisé sur des enfants et également sur des chiens (opérateur cynophile, chasseur…). Existe en noir, version tactique et en orange pour la version destinée aux services civils d’urgences médicales.

En résumé, cet excellent outil, pour un prix nettement inférieur aux autres garrots, mérite vraiment sa place dans un kit bien pensé. De plus, en milieu sauvage, cette longue bande « caoutchouc » élastique pourrait trouver de nombreuses utilisations en cas de nécessité de survie (démarrage de feu, ligature, fixation, joint improvisé…)

Garrot SWAT™ et gaze hémostatique Celox™
Les pansements compressifs

The Emergency Bandage™ (2 largeurs : 10 et 15 cm) aussi appelé pansement israélien et fabriqué par First Care Products est un pansement compressif simple d’utilisation. Devenu un classique, il se devrait d’être présent dans tous les kits de premiers soins. Conçu pour traiter tous types de plaies saignantes, le pansement est stérile et non adhérent. Facilement placé et fixé, il peut aussi agir comme un garrot en cas d’hémorragie sévère.
Ce pansement est le compressif standard de l’OTAN et fait partie de la plupart des ITK (Individual Trauma Kit) dans de nombreuses armées et polices du monde.

Les rouleaux de gaze comprimée ou standards

Le concept de bandes de gaze tissées existe depuis des millénaires, les égyptiens emballaient déjà leurs momies avec. Elles sont légères, absorbantes, hautement malléables, adaptables, stables dans une large variété d’environnements et de conditions et peu coûteuses. Les rouleaux de gaze peuvent aussi bien servir de pansement primaire que secondaire. Ils ont une conception de tissage ouvert qui permet un effet de mèche rapide (bonne absorption du sang) et une aération supérieure. Ces rouleaux de gaze ont une grande capacité d’absorption afin de réduire le risque de macération, donc d’infection. Ces rouleaux sont fabriqués avec une gaze 100 % tissée, prélavée et séchée par un procédé qui permet de souffler les peluches et poussières de tissu. Le motif de tissage offre un volume augmenté pour rembourrer et protéger la plaie. Le dessin et les motifs de la fibre réduisent le risque de contamination des plaies et granulomes. D’une longueur d’environ 2,8 m, ces gazes seront donc très utiles pour réaliser des wound packing (technique de bourrage de plaie pour contrôler des saignements profonds dont nous parlerons dans un prochain article), mais aussi pour protéger des plaies secondaires, réaliser une écharpe de soutien ou fixer en place une attelle, etc. La différence principale entre les modèles comprimés (type H & H™) et non comprimés (type Kerlix™) est l’encombrement lié au volume de la gaze.

Les compresses hémostatiques

Petite révolution en termes d’équipement, on doit leur développement actuel aux guerres américaines d’Irak et d’Afghanistan.l est important de garder à l’esprit que l’on peut aussi bien contrôler un saignement avec une gaze non imbibée d’agent hémostatique, voire même plus efficacement dans certaines conditions, qu’avec une gaze hémostatique. Les agents hémostatiques récents permettent une hémostase (= arrêt naturel ou provoqué d’une hémorragie) supérieure, améliorant ainsi les chances de guérison et ils ont probablement sauvé plus de vies par rapport aux gazes standards (compressées ou non), mais si et seulement si ces gazes hémostatiques se voient appliquées selon les recommandations du fabricant en terme de temps de compression. L’intérêt principal de ces hémostatiques est la réduction du temps de compression nécessaire pour stopper le saignement, 2 à 3 minutes contre 7 à 10 minutes pour une gaze normale (type HH™ ou Kerlix™). En contrepartie, ces gazes hémostatiques coûtent 10 fois plus cher et ne servent qu’à une seule chose : le contrôle des hémorragies.

Les hémostatiques les plus couramment utilisés actuellement se présentent sous forme de longue compresse imbibée d’un des 2 ingrédients actifs suivant : kaolin ou chitosane.
Kaolin : argile blanche, friable et réfractaire. Matière minérale inerte et naturelle utilisée, notamment, en médecine, car elle a démontré être capable de promouvoir la coagulation.
Chitosane : substance produite par traitement chimique de la chitine, le composant de l’exosquelette de crevettes et d’autres crustacés, associée avec une substance alcaline.

Même si, comme pour les autres matériaux décrits dans ce paragraphe, il existe de nombreuses marques et formes pour ce type de gazes, les 2 principales sont : la QuikClot™ Z-Fold gauze (agent : kaolin) et fabriquée par Z-Medica, ainsi que la Celox™ Combat Gauze (agent : chitosan) fabriquée par Celox. Ces gazes mesurent entre 3 m (Celox) et 3,7 m (QuikClot) et sont à présent plus faciles à appliquer que par le passé, car pliées en Z plutôt qu’en rouleau comme auparavant. De ce fait, le wound packing devient plus aisé et le pli en Z diminue le risque de voir le rouleau de gaze tomber sur le sol et se contaminer. Emballées sous vide et compactes, elles sont faciles à intégrer dans un IFAK/ITK. Le prix reste un inconvénient majeur, compter entre 40 et 60 € en fonction de la marque, de la longueur, du conditionnement. On est évidemment bien loin d’une gaze comprimée à 5 € qui fera le même travail, mais qui nécessitera un temps de compression 2 à 3 fois plus long.

Un randonneur contrôle un saignement important au moyen d’une gaze Kerlix™ en pleine forêt

« Un garrot effectif est un moyen efficace de contrôler un saignement catastrophique »

Couverture isotherme

Appelée aussi couverture de survie, elle est un indispensable pour tout kit de premiers secours ou kit de survie. La raison pour laquelle il est indispensable de prendre en charge la prévention de l’hypothermie (basse température corporelle) du blessé est que celle-ci joue un rôle capital dans la capacité du corps à coaguler. Ces couvertures réfléchissant la chaleur sont jetables et emballées dans un sac de la taille d’une poche. Reflétant plus de 90 % de la chaleur du corps, même mouillées, hygiéniques et bon marché, elles peuvent être utilisées en conjonction avec des couvertures traditionnelles de tissu. En aidant à conserver la chaleur du corps, elles sont un outil simple et très compact pour prévenir l’hypothermie, qui non prise en charge, peut être mortelle. Étanches, elles offrent une protection contre les éléments, elles peuvent également avoir de nombreuses autres utilités en survie (civière, abri, contenant pour de l’eau, des fruits, baliser une zone de secours et encore beaucoup d’autres choses).

Une victime protégée de l’hypothermie par une couverture de survie

Masque de protection (faceshield)

Masque facial de protection pour le secouriste lors de la pratique de la RCP (bouche à bouche durant la Réanimation Cardio Pulmonaire). Ce masque plastique offre une protection à la fois au sauveteur et à la victime. Cette protection va aider à surmonter les hésitations de commencer la réanimation en évitant le contact direct avec la bouche, le nez et le visage de la victime et ainsi prévenir tout risque de contamination quelconque.
C’est une feuille de plastique et filtre hydrophobe munie d’un filtre bidirectionnel qui permet d’empêcher un éventuel contact avec la salive ou le sang de la victime. Un mode d’emploi graphique, directement imprimé sur le faceshield, rappelle son utilisation et facilite le placement correct. Fabriqué sans latex, compacte, sous vide, il se range aisément dans un portefeuille, une poche, un sac à main et dans tous types de trousse de premiers soins.

Bandeau abonnez-vous

À présent que la notion d’importance est clairement établie et que les différents contextes sont posés, que nous sommes équipés d’un IFAK en sachant à quoi servent les composants, nous pourrons, dès le prochain article, entrer dans la zone hostile et réaliser les premiers soins avec le plus de chances de survie pour les victimes, mais également pour l’intervenant.
Quoi faire ? Quand ? Comment et avec quoi ?
On en parle bientôt.

Pour en savoir plus secourir en zone hostile

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Joël Schuermans

Après 12 ans passés dans une unité commando, il a repris une carrière de medic spécialisé dans les zones hostiles et/ou isolées. Aventurier et voyageur au long cours, il est un spécialiste médical pour expéditions et missions lointaines. Conseiller éditorial du magazine Survival, auteur de plusieurs livres et de nombreux articles. Vidéaste et photographe, il réalise des reportages écrits et vidéos sur certains sujets d'aventure et notamment sur les rangers de la lutte anti-braconnage en Afrique.

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