L’ère industrialisée proposant un consumérisme débridé comme religion ne constitue qu’un épiphénomène temporel par rapport à l’histoire de l’Humanité, 250 ans tout au plus.
Dévorer la Terre, anéantir une grande partie de ce qui y vit afin de toujours plus s’étendre et fabriquer des milliards d’objets, pour la plupart inutiles et bourrés de substances nocives, et bien, il n’y a pas besoin d’être devin pour statuer que cette époque – l’anthropocène – n’a aucune chance de durer très longtemps. Il ne s’agit pas ici de jugement idéologique ou d’un penchant bobo ou d’une tendance politique. Mais, simplement parce que, mathématiquement, tout joue contre le modèle appliqué.
Ceux qui décident et profitent le plus du capitalisme-libéralisme effréné ne rendront pas docilement les clés de la boutique. Il semble donc évident que les désastres écologiques et humains – même si certains semblent encore en douter, nous sommes interdépendants du reste du vivant – qui sont en cours vont se multiplier et reproduire à chaque fois les mêmes scénarios : une réaction inadaptée des groupes dirigeants pour tenter de circonscrire la catastrophe afin de sauver la face et leurs intérêts, entraînant par effet de dominos ou pas le cataclysme suivant.
Les évènements actuels démontrent à nouveau que de nombreux postes de décisions sont occupés, il faut croire, par des incompétents. La raison en est probablement à la fois systémique et à la fois individuelle. Le système dirigeant s’autoalimente en circuit fermé et les individus qui le composent sont régis par le principe de Peter, cette loi empirique qui explique pourquoi tout employé d’une chaîne hiérarchique tend à s’élever jusqu’à son niveau d’incompétence. Le modèle du fromage suisse — aussi appelé modèle de Reason, ce qui fait plus sérieux, disons-le — démontre comment la gravité d’un désastre résulte toujours d’une somme de causes cumulatives. Nous ne prêtons généralement attention aux causes qu’une fois que la catastrophe les a rendues significatives, les transformant a posteriori en phénomènes. Les humains sont ainsi faits. Nous sommes donc toujours un cran en retard par rapport aux catastrophes et aux crises, malgré leur existence évidente impossible à remettre en cause. Et c’est peut-être une des explications à la cécité dont semble atteinte la majorité des dirigeants de ce monde face aux crises et désastres à venir.
En tant que citoyens avertis, anticipons d’autres crises qui engendreront une succession de mauvaises décisions amplifiées par un manque de prévoyance évident et opérées par des individus présomptueux qui n’auront ni vu arriver ni ne sauront être en capacité alors qu’ils auraient dû prévoir. Déjà en 1852, Émile de Girardin écrivait : Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte.
Une chose est certaine, par définition et puisque passé : le temps d’avant est terminé. Et le futur ne lui ressemblera pas. Non pas que ce qui dirige va le changer, mais les évènements l’imposent et l’imposeront toujours davantage. Au point que l’inertie systémique ne résistera pas à l’accélération des crises.
Une réponse possible : le savoir (analyser, comprendre les enjeux et dynamiques…), l’accepter (prendre conscience, gérer le déni et/ou la colère, changer de récit futur…), s’y préparer (mode et lieu de vie, compétences, communauté…).
C’est donc l’heure de prendre parti : rester ou avancer, changer ou pas, car l’indifférence serait aboulie ou lâcheté.
Joël Schuermans
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