Zone de vie en famille : situation contrôlée (3)

Contrairement à la « situation critique » qui implique la création et l’utilisation d’une zone de vie
familiale de manière totalement indépendante à votre volonté (aléa), la zone de vie en situation
contrôlée relèvera d’un choix : vous percevez une dégradation de votre environnement, vous
craignez pour votre sécurité, vous faites donc le choix d’évacuer votre conjoint, vos enfants et
animaux de compagnies vers un nouveau site.

Il n’est donc pas si insensé d’anticiper, dès à présent, cette évacuation. En cas de perte complète de la normalité, il faut, au minimum, que vous ayez repéré un site de bivouac potentiel. Pour ceux souhaitant aller au-delà d’un simple repérage, une solution privilégiée par l‘auteur : la création de ce qu’il appelle un sanctuaire organisé de défense et de survie (SODES).

La différence avec le bivouac traditionnel ? Sur site, vous aurez déjà mis en place des unités de stockages étanches positionnées à l’abri des vues et contenant du matériel tactique en prévision de votre exfiltration future (bâche, outils, corde, filtre à eau, nourriture, trousse de secours etc).

Bonus ? C’est une assurance vie à l’abri de toute spéculation et imposition quand viendra l’heure de son utilisation.

I . L’arrivée sur zone/a>

II. L’installation de votre bivouac familial

III. Le coins repas (montage 2h30)

IV. La filtration de l’eau de consommation ou de cuisine

V. L’emplacement pour l’hygiène

VI. Les feuillets ou toilette sèche (mise en place 45 minutes)

En conclusion

I. L’arrivée sur zone

Quid des fonctions assignées aux membres de la famille ?

Pour les plus jeunes, on joue la carte de la sécurité. Installez dans le futur périmètre de votre zone de bivouac une tente de type quechua pour qu’ils puissent prendre leurs repères avant la nuit. Cela sera également plus sécurisant pour vous : vous saurez où ils se trouvent pendant que vous vous afférerez à d’autres tâches (couper du bois, chasser, pêcher, relever vos pièges).

Pour les plus grands, dans un but pédagogique et pour leur permettre d’acquérir de la confiance, donnez leur des tâches simples à réaliser (ramassage du bois de chauffe, responsable de l’approvisionnement et du filtrage de l’eau etc).

Priorisez les tâches :

1 – Allumer un feu et stocker du bois de chauffe.
2 – Trouver un point d’eau et lancer la filtration à l’aide de votre filtre à gravité.
3 – Mise en place d’un feuillée provisoire (toilette).
4 – Rassembler vos outils en vue des tâches à accomplir

1 – Allumer un feu

A votre convenance : la version manuelle (friction, loupe etc) ou la version accessoirisée (allumettes et briquets conservés dans un conteneur étanche). Votre feu va à la fois éloigner les prédateurs, vous permettre de vous chauffer, vous sécher, faire cuire vos aliments et stériliser votre eau de boisson. N’hésitez pas a consulter l’article « Allumer un feu en forêt : ressources et respect en Bushcraft » sur le site de AlbanCambe

Allumer un feu

2 – Mettre en place votre filtre à gravité

Mettez en place un moyen de filtration (filtre à gravité nomade artisanal ou commerciale) pour avoir à disposition et en grande quantité d’eau potable pour toute votre famille.

3 – Le feuillée provisoire (toilette)

En bivouac ou en mode dégradé, il est important de maintenir des règles d’hygiène strictes. Vous devez donc, dès votre arrivée sur place, délimiter la zone qui sera impartie à votre feuillée provisoire. Il sera positionné en aval et à cinq minutes de marche environ de votre zone vie. Pour débuter, un simple trou fera l’affaire : le but étant que tout le monde se soulage en un endroit unique. La mise en place d’une structure plus confortable pour votre conjoint et vos enfants sera à envisager une fois le bivouac réalisé.

4 – Les différents outils

Soit vos outils seront déjà sur place (SODES), soit vous devrez les choisir avec discernement pour éviter une surcharge lors de votre exfiltration.

2 – L’installation de votre bivouac familial1

Le rondin pour faire les avant trous.
Le rondin pour faire les avant trous.

Un abri familial est avant tout une barrière physique et psychologique qui va vous protéger d’un environnement extérieur parfois hostile. Cet abri comprendra, en plus de la zone dédiée au repos et à la mise à l’abri de votre tribu, un ensemble d’installation qui vous permettra de rester plusieurs semaines, voire des mois avec un maximum de commodités.

Ces constructions vont vous demander beaucoup de réflexion, de rigueur et de travail. Avant de commencer et pour vous faciliter la tâche, pensez à couper une bûche d’un mètre, affûtez une extrémité en pointe avec votre hachette, et faites la durcir à la flamme. Elle vous sera très utile tout au long de vos différentes constructions, pour faire des avant trous et faciliter la pénétration de vos différents bois porteurs.

Pour des raisons de sécurité et de confort, votre bivouac devra être positionné en hauteur, orienté sud, sud/est ; les différentes ressources, comme le bois de coupe et de chauffe, mais aussi la proximité d’un point d’eau, le gibier etc.. seront aussi à privilégier lors du choix de votre site.

Sachez aussi que le type d’abri construit (hutte, abattis, cabane en rondin, abris en bardeau etc) devra être adapté en fonction du terrain, du nombre de personne et de la période que vous allez passer sur place.

Vu le bois à disposition et l’agencement du sol sur le site choisi, l’auteur a privilégié la fabrication d’un abri en abattis.

Mise en place de la structure de support.
Mise en place de la structure de support.

Avant de commencer, le terrain doit être nettoyé à l’aide de votre machette (branchage, racine ronce etc). Une fois la superficie de la zone repos délimitée, il va falloir faire des avant trous, pour permettre la mise en place rapide et sans trop d’effort des deux fourches porteuses de deux mètres cinquante (2,50 m) qui seront enfoncées de cinquante centimètres (50cm).

Une poutre faîtière, ainsi que deux (2) bras verticaux vont assurer la solidité de l’édifice. C’est le moment le plus important, le plus compliqué et le plus dangereux du montage de la structure ; n’hésitez pas à mettre vos proches en sécurité en cas de basculement.

Les renforts verticaux et horizontaux (fixés à l’aide de cordelette) vont venir renforcer la structure initiale et supporter la future isolation de l abri.

La charpente de votre abri réalisée, il est important de positionner l’emplacement définitif de votre feu et de son pare-feu. La protection du périmètre par de petits murets d’un mètre va sécuriser définitivement votre bivouac.

abri avec le pare feu

Charpente et feu achevés, vous pouvez à présent vous attaquer à l’isolation de votre abri. Pour l’isolation des murs latéraux, vous allez devoir alterner rondins de bois et mousse, le tout attaché avec de la cordelette.

En ce qui concerne la toiture, pour avoir une isolation thermique maximale, il va falloir créer une couche de feuille, de mousse, de foin ou de roseaux de trente centimètres d’épaisseur minimum que vous allez positionner du bas vers le haut ;

Ce tapis de feuille épais sur votre toiture, à deux avantages : éviter la condensation due à la chaleur humaine et assurer une protection thermique contre les éléments. Une bâche agricole ou de chantier complétera la mise au sec de votre abri et viendra en parachever l’étanchéité.

La construction de votre bivouac terminée, pensez à regrouper, nettoyer et stocker à l’abri des intempéries vos différents outils.

III – Le coins repas (montage 2h30)

Coin repas

En fonction du nombre de personne sur votre bivouac, il va vous falloir mettre en place un coin repas ; cela implique, par exemple, la création d’une table en rondin abritée qui vous servira de plan de travail et de stockage du matériel de cuisine.

En effet, si pendant les premières quarante huit heures, l’utilisation d’assiettes en cartons sera à privilégier (facilité d’utilisation et gain de temps), il faut impérativement (pour limiter, entre autre, les déchets) que votre communauté puisse, à la longue, se restaurer en utilisant des assiettes et des couverts réutilisables. Vos ustensiles de cuisine devront être adaptés à la vie en collectivité (marmite, poêle etc).

Dans ce coin repas, un deuxième feu pour faire la cuisine sera un vrai plus (là aussi, prévoyez un gros stock de bois de chauffe)

Une grille de cuisson Guyanaise de 60 par 40 centimètres va vous permettre de faire cuire de la viande, du poisson, mais aussi de faire chauffer de l’eau dans votre marmite pour faire du riz de la soupe ou revenir des légumes.

Après test en condition, le poids sur la grille peut être important en fonction des ustensiles utilisés : pensez donc à la renforcer à l’aide de quatre grosses pierres positionnées dans les angles ( ou, si vous n’avez que du bois aux alentours, quatre solides supports de bois vert, à changer régulièrement).

A titre informatif, si nécessité de dépeçage du gibier, réalisé celui ci loin de votre abri (500 mètres est un minimum), pour ne pas laisser de trace de sang ou des abats qui pourraient attirer les animaux sauvages. Il en est de même concernant les déchets : vous devez brûler tout ce qui peut l’être et enterrer le reste en profondeur à un endroit prévu à cet effet.

Afin d’éviter l’oisiveté, il va falloir que vous mettiez en place une liste de taches journalières à effectuer pour responsabiliser les membres du groupe. Cela va favoriser la cohésion de l’ensemble du bivouac et éviter les tensions … à savoir qu’il y a toujours quelque chose à faire pour améliorer vos conditions de vie.

IV – La filtration de l’eau de consommation ou de cuisine

L’eau étant l’un des élément clef de la survie, il sera primordial d’assurer un point d’eau potable près de votre bivouac. Malheureusement, entre les impuretés (déjections ou cadavre animalier en amont) et la pollution (engrais, pesticides ect..) de l’eau, il est assez compliqué, aujourd’hui, d’en garantir la pureté quand vient l’heure de la consommation : vous devez partir du principe que toutes les eaux sont suspectes.

Avec un peu de chance, ce breuvage frelaté vous provoquera de simples troubles digestifs, une diarrhée ou une déshydratation importante accompagnée de fatigue. Pour les autres (c’est à dire 95 % de la population), la consommer, c’est s’exposer à des maladies graves, comme la typhoïde, la dysenterie, l’amibiase … et en mourir.

Partant, il est important de suivre quelques consignes :

  1. Avant de goûter une eau qui vous semble consommable, gardez en mémoire la règle des trois « I » : L’eau doit être incolore, inodore et insipide
  2. Dans le doute, faites la bouillir pour pouvoir cuisiner.
  3. Quant à la consommation en tant que telle ( 1,5 litre en moyenne par jour et par homme), une seule solution : la filtration. A titre personnel, l’auteur privilégie le filtre à gravité qui permet de s’assurer une eau de qualité pour la boisson et même la cuisson. Sachez que ce système de filtration peut être réalisé de manière artisanale avec des cartouches de chez British Berkefeld.
    Si vous souhaitez, en revanche, un matériel professionnel, vous pouvez vous orienter vers le filtre nomade HFK et ses deux cartouches ATC superstérasyl de chez British Berkefeld2 qui a une contenance de 16 litres. De forme rectangulaire, démontable, facilement transportable sur le terrain grâce à des poignées latérales, sa manipulation est aisée. L’auteur, vous conseille de prévoir un ou deux sceaux de 10 litres, pour avoir un approvisionnement en eau à filtré permanent.

Une fois ce kit de filtration acquis, l’auteur a effectué différents test avec ce filtre : il a prélevé et filtré de l’eau issue d’un fossé, d’un étang, d’une mare aux canards et enfin d’un trou d’eau stagnant en pleine forêt. Il en ressort que plus l’eau est impropre à la consommation, plus le temps de filtration est long. Mais le résultat est assez surprenant et plus qu’encourageant : l’eau qui en ressort est propre à la consommation (consommation par l’auteur de 10 litres d’eau après chaque test).

V – L’emplacement pour l’hygiène

Dans un concept de perte de la normalité, le manque d’hygiène va rapidement poser problème : à la trace olfactive que vous allez laisser derrière vous s’ajoutera des désagréments plus contraignants tels que des irritations, des démangeaisons, des poux, des maladies ou autres joyeusetés. Il est donc primordial pour vous et vos proches de maintenir une hygiène maximale au sein de votre bivouac. Pour ce faire une douche rudimentaire est l’idéal. Il en existe différents modèles.

a – La douche solaire portable (10L). Rapide à mettre en œuvre, il vous suffit de la positionner en hauteur pour que la gravité face le reste. Très facile d’utilisation pour les enfants. En revanche, pour un adulte, la pression est clairement insuffisante pour une douche complète.

La douche solaire portable

b- La douche à pied est un produit très performant et compact ( voir survival n° 24). Le modèle ci dessous est « customisé » : une petite pompe à vélo remplace la pompe à pied pour pouvoir mettre en pression la douche plus rapidement. Une valve de voiture remplace la valve originelle pour pouvoir fixer la pompe à vélo en question. Bonne pression pour un adulte.

c – La douche solaire à pression de chez Décathlon. Malheureusement, en raison de la crise sanitaire et des problèmes d’approvisionnement qui en découlent, l’auteur n’a pu en faire l’acquisition. Il ne s’avancera donc pas à en vanter ou non les mérites.

d – Pour les plus rustiques, un simple arrosoir ou une petite bassine feront leur office.

e – N’oubliez pas la toilette de votre chien ; il est lui aussi sensible aux parasites (un shampoing anti-inflammatoire canin qui à pour but de minimiser les manifestations cutanées sera un plus).

VI – Les feuillets ou toilette sèche (mise en place 45 minutes)

Vos différents abris montés, il est temps de venir finaliser vos toilettes sèches.

Deux solutions à titre d’exemple :

– Inspirez vous du système de la chaise percée en positionnant un abattant sur deux rondins de bois capable se supporter le poids d’un adulte.
– Mettez en place un simple sceau équipé d’un sac poubelle, le tout surplombé par un abattant.

Des feuilles mortes ou de la paille feront, dans les deux cas, office d’absorbant.

sceaux toilette

Vos feuillées seront positionnés à au moins 100 mètres de votre bivouac avec un chemin balisé pour pouvoir vous y rendre rendre rapidement. Pensez régulièrement à prendre votre machette pour entretenir le chemin (la végétation repousse très vite et un chemin exempt d’obstacle sera plus sécurisant pour vos enfants).

Si en pleine nuit ou sous une pluie diluvienne, vous deviez satisfaire un besoin urgent, l’utilisation d’un sac de type  « Ziploc » fera sont office. Il vous suffira simplement de le jeter au lever du jour.

A titre d’information, vous allez trouver dans les commerces spécialisés en « vente d’article de camping » les différents accessoires nécessaires, voire même des « seaux toilette » tout prêt3.

En conclusion

Toute occasion est bonne à prendre pour parfaire votre maîtrise et celle de votre famille en matière de survie et de construction d’abri. A la maison ou en vacance, profitez de votre environnement pour découvrir de nouvelles méthodes ou moyens de bâtir un refuge ; un séjour en bord de mer, par exemple, est idéal, pour apprendre à vos enfants les rudiments de la construction d’une hutte de fortune en bois flottés.

Abri sur la plage
L’abri sur la plage

1 L’auteur à mis trente deux heures pour monter l’abri ci dessous, équipé d’une scie à archer, d’une hache, d’une machette, d’une pelle pliable et d’un couteau de poche comme seuls outils.

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2 Commercialisation par l’entreprise Française Aqua-techniques spécialisée dans le traitement naturel de l’eau. Meilleur rapport qualité/prix que l’auteur ait pu trouver sur le marché avec cette contenance. L’auteur vous invite à aller sur leur site (www. Aqua-techniques.fr) pour plus de renseignement.

3 A titre informatif seulement, l’auteur n’ayant pas testé ce type de matériel et émettant certains réserves quant au prix de l’objet en question.

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Serge

Ex-membre des forces spéciales, survivaliste aguerri, Serge maitrise de nombreux domaines de la survie. Il est en permanence en recherche d'autonomie et sa particularité est de tester pour lui et sa famille la plupart des sujets qu'il évoque dans le magazine, faisant de lui un spécialiste du retour d'expérience.

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