La survie est une situation non voulue et hors de contrôle (accidents, aléas climatiques etc). Il ne serait donc pas si étonnant que vous puissiez un jour vous retrouver, vous et votre famille, à chercher un endroit où passer la nuit et à construire très rapidement (et le plus souvent sans outil) un abri de fortune.
Ce genre de situation est compliqué à gérer seul et elle peut se révéler insoluble avec l’ajout du facteur familial. C’est votre capacité à prendre des décisions qui va faire toute la différence entre un retour à la vie normale ou l’apitoiement et les larmes.
Dans un premier temps : évaluez la situation

Avez-vous la possibilité et la capacité de rejoindre au plus vite la civilisation ?
Possibilité = La zone de marche est-elle praticable en famille ? (dangerosité, conditions climatiques, luminosité etc.)
Capacité = Les membres de ma tribu sont-ils aptes à faire ce trajet ? (blessures corporelles éventuelles, état psychologique à l’instant T etc.)
Dans un second temps : agissez en conséquence
Si la réponse à la question ci-dessus est positive, en route. En revanche, si le moindre doute subsiste, pas de prise de risque inutile. Privilégiez la mise à l’abri rapide de votre femme et de vos enfants. Pourquoi rapide ? Parce que dans ce genre de situation, la vitesse d’installation sera primordiale pour limiter votre perte d’énergie et vous apporter un maximum de confort.
I. Les techniques de fabrication des abris d’urgence1
Contrairement à un bivouac (voir zone de vie famille : situation contrôlée (3) ), la situation critique est une situation de survie pure : vous n’aurez à votre disposition que le fond de vos poches ou de votre sac de première urgence.
La confection de votre abri se devra d’être rapide et pratique. Soyez opportuniste (observez ce qui vous entoure), placez le bien en fonction du vent dominant, pensez au feu (stock de bois de chauffe avant la nuit) ; votre abri doit vous permettre, en dépit de la situation, de passer une nuit confortable et sécurisante.
L’abri sommaire sous un arbre conifère (toute saison).
Le conifère a pour avantage de conserver ses branches vertes et bien épaisses même en hiver ; il va donc offrir à vous et votre famille une protection naturelle contre les éléments. Pensez à utiliser ses aiguilles tombées au sol en guise de matelas et ses excédents de résine pour allumer votre feu.
Arbre conifère
Tapis d’aiguille de pin
L’abri sous un surplomb rocheux ou une cavité.
Le surplomb ou la cavité devront être peu profonds (une simple fissure peut suffire). A ne pas confondre avec une grotte ou une caverne (gouffre sans lumière) qui sont le plus souvent habitées (ours, rongeur, chauve-souris) et peuvent donc se révéler dangereuses. Le vent aura, en outre, tendance à regrouper les feuilles mortes au pied de ce genre d’anfractuosité, rendant ainsi le travail de préparation de votre tanière très rapide. Petit plus : les rochers chauffés par le soleil la journée renverront la chaleur accumulée durant la nuit.
L’abri sous la tête d’un arbre déraciné

L’abri sous la tête d’un arbre déraciné, va offrir une protection rapide et sécurisante pour passer la nuit et supporter la gelée ou la rosée du matinale. Sa construction est expéditive (dix minutes). Il vous suffit de relever d’un mètre les branches de la cime avec deux bois en fourche, puis de déposer un tapis de feuille ou de foin sur le sol sur lequel votre famille pourra s’allonger et, en fonction de l’épaisseur du tas en question, se recouvrir.
L’abri « dôme de survie »
L’abri « dôme de survie » va vous permettre de résister aux intempéries (en attendant des secours, par exemple). Vous allez pouvoir le réaliser seul en 30 minutes environ. Il vous suffit de positionner deux branches solides en forme de pyramide sur l’avant pour obtenir une porte d’axé. Avec le reste des branchages que vous aurez trouvé sur un arbre tombé au sol, récupéré sur des branches de la cime, ou des découpes de jeunes arbustes, vous réaliserez un dôme. L’obtention d’une isolation thermique optimale nécessitera une voûte de cinquante centimètres d’épaisseur minimum.
Votre abri monté, vous allez isoler le sol par une couche épaisse de feuilles ou de végétaux. Les enfants se positionneront au centre de l’abri avec un adulte de part est d’autre afin de les réchauffer et les sécuriser. Ce type de construction va vous apporter un réconfort psychologique non négligeable (protection contre les prédateurs).

Un feu2 sera un vrai plus, non seulement pour réchauffer votre famille mais encore pour aider à votre localisation si nécessaire.2 Pour augmenter votre bien être, un pare-feu sera confectionné soit avec des pierres, des rondins, ou même un amas de branchages.
Un petit abri est plus facile à construire et surtout à chauffer
Pare feu réalisé avec des branches de bois vert.
Le dôme de survie « sans feu ». Si vous n’avez pas de moyen de faire un feu ou que vous n’avez pas réussi à l’allumer, ne paniquez surtout pas. Votre blouson ou une couverture de survie vont vous permettre de passer la nuit dans des conditions acceptables (elle sera, certes, plus longue et inconfortable).

Pour permettre à vos jeunes enfants ou nouveau-né de passer une nuit au chaud, n’hésitez pas à les positionner sur votre thorax.
Si votre chien vous accompagne, utilisez bien évidemment la chaleur qu’il va naturellement dégager pour vous réchauffer. Mettez en priorité vos enfants de part est d’autre de l’animal. Si vous êtes seul, il vous suffit de vous coller à lui pour qu’il comprenne le danger et vous protège.
L’abri en appentis
L’abri en appentis, est le plus long à réaliser(une heure minimum), mais c’est aussi le plus confortable. Une fois planté deux fourches de part est d’autre, vous positionnerez une solide branche faîtière qui va soutenir le reste des tiges que vous installerez en diagonale. Le toit sera réalisé avec, de préférence, des branchages de conifère en quinconce (plus facile à casser à la main).
II. Les astuces pour adoucir les situations d’urgence
Bien qu’il soit par nature difficile d’anticiper une situation critique, il est possible, en amont, de mettre en place des astuces ou des procédés qui vont vous permettre de préparer votre famille au pire.
En effet, il est toujours plus facile en situation de contrôle d’initier vos proches à des techniques simples, qu’ils pourront alors mettre facilement en place le jour J.
Les enfants en particulier : il est primordial de les initier à la survie. Faites de leur jeune âge un atout. Ce qui pourrait paraître de peu d’utilité à certains adultes sera au contraire pour eux une source d’apprentissage et de jeu. Cela peut prendre différentes formes.
Pensez, par exemple, à élaborer, en famille, une pochette de première urgence qui sera dédié à chaque membre. Concernant les enfants, responsabilisez les en leur expliquant l’utilité des outils qui rempliront leur kit : une petite lampe de poche, une bougie chauffe plat, une boite d’allumette étanche, un sifflet en plastique, un crayon et du papier, un paquet de mouchoir, une couverture de survie et … leur Doudou. Ce kit sera bien évidemment évolutif en fonction de l’âge et des capacités propres à chacun de vos enfants.
Pour vos plus grands et votre femme, inspirez-vous des kits d’urgence mis en place par les organisations humanitaires. Ils sont rudimentaires, n’hésitez donc pas à y apporter les modifications que vous trouverez appropriées.

A titre personnel, je conseille :
– Une solide bâche et de la para-corde.
– Un jerrican de dix (10) litres si possible pliable.
– Une solide marmite en fer avec son couvercle (minimum deux (2) litres).
– Une couverture en laine ou un duvet pour la régulation thermique.
– Un briquet et une boite d’allumette dans un contenant étanche.
– Une solide machette de type guyanaise (12 euros).
– Un solide et léger sécateur
– Un paquet de bougie
Il faudra aussi sensibiliser les plus jeunes au fait, qu’en matière de survie, la nature est l’unique garde-manger. En effet, boire et manger sont deux priorités en situation critique : vous pouvez rester 3 semaines sans manger, mais seulement 3 jours sans boire.
Partant, vous devrez favoriser, en amont, l’apprentissage de notions de pêche, chasse pour les pratiquants, cueillette, ce qui favorisera leur autonomie en temps voulu.
Et vous devrez surtout leur apprendre comment s’hydrater en toute sécurité ; boire une eau non filtrée en pleine nature peut s’avérer très dangereux. Et l’eau potable n’est pas chose aisée à trouver en pleine nature. Dans cette optique, vous pouvez dès à présent parfaire leur instruction en la matière en les équipant d’une gourde filtrante Naldege4 de 0,65 litres. Elles sont pratiques, légères et équipées d’une cartouche filtrante que les plus jeunes aventuriers n’auront aucun mal à changer eux-mêmes.
À la facilité d’utilisation pour l’enfant s’ajoute, en plus, le coté sécurisant pour nous parents : vous serez assuré que votre progéniture boira une eau filtrée et de qualité.
À titre personnel, cette gourde permet une bonne prise en main lors de randonnée ou de footing pour un adulte. En revanche, pour les plus petits, la mise en place d’une sangle en para corde est à privilégier ; le transport de la gourde en bandoulière est plus agréable pour les petits.
Gardez en tête qu’au plus vous donnerez un caractère participatif et ludique aux activités de survie, au plus il sera facile pour votre entourage de « gérer » une situation exceptionnelle.

et une bougie, le minimum pour survivre.
Expliquez leurs différentes techniques de survie via des ateliers à thèmes. La technique de l’igloo thermique, bien connu des explorateurs, peut être une bonne idée de départ. Elle va permettre à toute votre famille de savoir gérer un début d’hypothermie, risque important lorsque l’on se retrouve seul en pleine nature.
Il leur suffira simplement de déplier leur couverture de survie, de s’asseoir dessus, de l’enrouler autour d’eux et d’allumer une bougie chauffe plat entre leur jambes ; la chaleur par rayonnement va leur être renvoyée comme dans un cocon (4 à 5 minutes pour se réchauffer complètement).
Entre autre, pourquoi ne pas envisager une formation aux gestes de premiers secours chez les pompiers pour toute la famille ?
En tout état de cause, rappelez-vous qu’une bonne formation doit être progressive et de préférence réalisée sous forme de jeu tant qu’ils sont petits : fabrication d’un abri de fortune, une nuit sous les astres à la recherche de l’étoile polaire, allumer un feu etc ..

1 L’auteur a construit les différents types d’abris sans outil afin de coller au mieux à la situation critique (avec le stress en moins)
2 Le fait d’allumer un feu dans une forêt n’est pas sans danger. Il existe une réglementation à ce sujet. L’auteur vous encourage à prendre contact avec les autorités locales pour en connaître les restrictions. De plus, il est préférable de demander l’autorisation au propriétaire de la parcelle dans le cadre de votre apprentissage.
3 Pensez à faire un stock de feuilles que vous pourrez jeter sur le feu afin de signaler votre position par la fumée.
4 Commercialisation en plusieurs coloris par une entreprise française. Meilleur rapport qualité/prix que l’auteur ait pu trouver sur le marché. L’auteur vous invite à aller sur leur site Aqua-techniques pour plus de renseignement.
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